La découverte de la C.27…

Mais d’où vient-elle ?

Il devenait nécessaire d’en savoir plus, le destin me liait à cette chaise, il me fallait retracer son histoire. Peu de pistes s’ouvraient.

La première chaise que j’avais achetée sur une brocante à la fin des années 1990 ne portait aucune signe permettant de l’identifier.

Cependant, l’une des chaises que j’avais ensuite trouvée, peu de temps après, dans une déchèterie portait sous l’assise, marqué au fer, le sigle SCMM.

Internet n’en était alors qu’à ses tout débuts, pas de trace encore. C’était frustrant !

Les années ayant passé, l’usage d’Internet s’étant développé, vers 2010, je trouve enfin une première trace du mystérieux sigle SCMM, il signifie bien, comme je l’avais pressenti, Société de Construction de Mobilier Métallique.

Nouvelles acquisitions, l’une des chaises porte un autre logo sous son assise : MOBILOR.

Est-ce un autre fabricant ? Non, cette fois, Internet se montre plus prolixe, il s’agit de la marque de distribution de la SCMM à partir de la fin des années 1930.

Il devient possible de retracer l’histoire de la société et de sa marque. Il reste maintenant à en savoir plus sur le créateur de la chaise elle-même.

René Herbst ?

Le nom de René Herbst est souvent associé à la chaise C.27 dans les catalogues des salles des ventes. De fait, en 1937, un numéro hors série de la revue ACIER de l’OTUA (Office Technique pour l’Utilisation de l’Acier) sur le mobilier scolaire, présente une collaboration entre René Herbst et la SCMM pour la création d’un pupitre scolaire, mais rien de plus. Au fil du temps, je réussis à remonter la piste jusqu’à un catalogue de vente aux enchères du début des années 1990 qui indique pour la C.27 « attribuée à René Herbst ». Toutefois, aucun élément probant d’attribution n’a pu m’être fourni par les différentes salles des ventes et plateformes en ligne consultées. Après avoir compulsé les archives déposées par l’architecte à la Bibliothèque du Musée des Arts Décoratifs et à la Bibliothèque Forney, rien n’y permet non plus de confirmer cette attribution. Un contact très sympathique avec ses héritiers ne m’en apprend malheureusement pas plus.

Jacques Hitier ?

Le nom de Jacques Hitier apparaît également : tout jeune diplômé de l’école Boulle, il est débauché des Ateliers Primavera du grand magasin Le Printemps par un ami de la famille qui souhaite faire évoluer la gamme de mobilier de la SCMM vers le marché scolaire. Malgré les recherches, la chaise C.27 n’est mentionnée dans aucune des recensions réalisées sur ce grand promoteur du mobilier en tube de métal. La piste demeure ouverte et l’exploitation des archives par ses héritiers permettra peut-être de lever le doute.

Robert Mallet-Stevens ?

La partie basse de la chaise C.27 est très proche de celle de la chaise Tubor que l’on attribue à Robert Mallet-Stevens. Il l’utilisera d’ailleurs pour meubler certaines de ses constructions les plus célèbres (Villa Cavrois). De fait, bien qu’il ait fait détruire ses archives, un dessin très proche du modèle de la chaise Tubor est conservé. Il servira de justification à Andrée Puttman lorsqu’elle remettra la « petite chaise noire » au goût du jour avec sa société Ecart International au début des années 1980. Faut-il attribuer la C.27 à ce célèbre architecte ? Malheureusement non, son petit-neveu me le confirme, elle n’est pas de lui.

Une création collective ?

A ce stade, malgré les recherches effectuées et compte tenu de l’absence de publicité sur un créateur référencé, il est probable que la chaise ait été créée par le bureau de dessin de la SCMM au cours des années 1930. L’existence de chaises signées SCMM penche pour une création du modèle préalablement à l’apparition de la marque MOBILOR à la fin de la décennie. Je poursuis cependant les recherches afin, si possible, d’éclaircir ce mystère.

D’autres modèles de meubles rejoignent les chaises. Ma collection prend une nouvelle dimension. Les meubles sont de belle facture, une réelle attention était portée à leur conception et à leur fabrication. D’ailleurs, une publicité des années 1950 en faisait un argument de vente.